Biographie
Enfance et jeunesse
La maison natale de Victor Hugo à Besançon
Victor Hugo est le fils du général d'Empire Joseph Léopold Sigisbert Hugo (1773‑1828) – créé comte, selon la tradition familiale, par Joseph Bonaparte, roi d'Espagne et en garnison dans le Doubs au moment de la naissance de son fils – et de Sophie Trébuchet (1772‑1821). Benjamin d'une famille de trois enfants après Abel Joseph Hugo (1798‑1855) et Eugène Hugo (1800‑1837), il passe son enfance à Paris. De fréquents séjours à Naples et en Espagne, à la suite des affectations militaires de son père, marqueront ses premières années. Ainsi, en 1811, il est, avec son frère Eugène, pensionnaire dans une institution religieuse de Madrid, le Collège des Nobles. Vers 1813, il s'installe à Paris avec sa mère qui s'est séparée de son mari, car elle entretient une liaison avec le général d'Empire Victor Fanneau de la Horie. En septembre 1815, il entre avec son frère à la pension Cordier. D'après Adèle Hugo, c'est vers cet âge que Victor Hugo commence à versifier. Autodidacte, c'est par tâtonnement qu'il apprend la rime et la mesure7. Il est encouragé par sa mère à qui il lit ses œuvres, ainsi qu'à son frère Eugène. Ses écrits sont relus et corrigés par un jeune maître d'études de la pension Cordier qui s'est pris d'amitié pour les deux frères7. Sa vocation est précoce et ses ambitions sont immenses. Âgé de quatorze ans à peine, Victor, en juillet 1816, note sur un journal : « Je veux êtreChateaubriand ou rien8 ».
En 1817, il participe à un concours de poésie organisé par l'Académie française sur le thème Bonheur que procure l'étude dans toutes les situations de la vie. Le jury est à deux doigts de lui adresser le prix mais le titre de son poème (Trois lustres à peine) suggère trop son jeune âge et l'Académie croit à un canular : il reçoit seulement une mention9. Il concourt sans succès les années suivantes mais gagne, à des concours organisés par l'Académie des jeux floraux de Toulouse, en 1819, un Lys d'or pour la statue de Henri IV et un Amaranthe d'or pour Les Vierges de Verdun10, et un prix en 1820 pour Moïse sur le Nil11.
Encouragé par ses succès, Victor Hugo délaisse les mathématiques, pour lesquelles il a des aptitudes (il suit les cours des classes préparatoires), et embrasse la carrière littéraire. Avec ses frères Abel et Eugène, il fonde en 1819 une revue, « Le Conservateur littéraire », qui attire déjà l'attention sur son talent. Son premier recueil de poèmes, Odes, paraît en 1821 : il a alors dix-neuf ans. Les quinze cents exemplaires s'écoulent en quatre mois. Le roi Louis XVIII, qui en possède un exemplaire, lui octroie une pension annuelle de mille francs12.
Le jeune écrivain
La mort de sa mère le 27 juin 1821 l'affecte profondément13. En effet, les années de séparation d'avec son père l'avaient rapproché de celle-ci. Il épouse, le12 octobre 1822, une amie d'enfance, Adèle Foucher, née en 1803, qui lui donne cinq enfants :
- Léopold (16 juillet 1823 - 10 octobre 1823) ;
- Léopoldine (28 août 1824 - 4 septembre 1843) ;
- Charles (4 novembre 1826 - 13 mars 1871) ;
- François–Victor (28 octobre 1828 - 26 décembre 1873) ;
- Adèle (28 juillet14 1830 - 21 avril 1915), la seule qui survivra à son illustre père mais dont l'état mental, très tôt défaillant, lui vaudra de longues années en maison de santé.
Ce mariage précipite son frère Eugène dans la folie, une schizophrénie qui conduira à son enfermement jusqu'à sa mort en 183715.
Il publie la même année Han d'Islande qui reçoit un accueil mitigé. Une critique de Charles Nodier, bien argumentée, est l'occasion d'une rencontre entre les deux hommes et de la naissance d'une amitié16. Il participera aux réunions du Cénacle à la bibliothèque de l'Arsenal, berceau du romantisme, qui auront une grande influence sur son développement[réf. souhaitée]. Celle-ci dure jusqu'à 1827-1830, date à laquelle Charles Nodier commence à être très critique envers les œuvres de Victor Hugo17. Durant cette période, Victor Hugo renoue avec son père18 qui lui inspirera les poèmes Odes à mon père19 etAprès la bataille20. Celui-ci meurt en 1828.
Sa pièce Cromwell, publiée en 1827, fait éclat. Dans la préface de ce drame, Victor Hugo s'oppose aux conventions classiques, en particulier à l'unité de temps et à l'unité de lieu et jette les premières bases de son drame romantique.
Le couple reçoit beaucoup et se lie avec Sainte Beuve, Lamartine, Mérimée, Musset, Delacroix21. Adèle Hugo entretient une relation amoureuse avec Sainte Beuve qui se développe durant l'année 183122. De 1826 à 1837, la famille séjourne fréquemment au Château des Roches à Bièvres, propriété de Bertin l'Aîné, directeur du Journal des débats. Au cours de ces séjours, Hugo rencontre Berlioz, Chateaubriand, Liszt, Giacomo Meyerbeer et rédige des recueils de poésie dont Feuilles d'automne. Il publie en 1829, le recueil de poèmes Les Orientales. Le Dernier Jour d'un condamné paraît la même année et est suivi de Claude Gueux en 1834. Dans ces deux courts romans, Victor Hugo présente son dégoût de la peine de mort. Le roman Notre Dame de Paris paraît en 1831.
Les années théâtre
La Bataille d'Hernani (Grandville -1836)
De 1830 à 1843, Victor Hugo se consacre presque exclusivement au théâtre mais publie néanmoins des recueils de poésies : Les Feuilles d'automne (1831), Les Chants du crépuscule (1835), Les Voix intérieures (1837), Les Rayons et les Ombres (1840).
Déjà en 1828, il avait monté une œuvre de jeunesse Amy Robsart. L'année 1830 est l'année de création d’Hernani qui est l'occasion d'un affrontement littéraire fondateur entre anciens et modernes, ces derniers, au premier rang desquels Théophile Gautier, s'enthousiasmant pour cette œuvre romantique — combat qui restera dans l'histoire de la littérature sous le nom de « bataille d'Hernani». Marion de Lorme, interdite une première fois en 1829 est montée en 1831 au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, Le roi s'amuse en 1832 au Théâtre-Français. La pièce sera dans un premier temps interdite, ce qui vaudra à Hugo la préface suivante, dans son édition originale de 1832 (Paris, Librairie d'Eugène Renduel) qui commence ainsi : « L'apparition de ce drame au théâtre a donné lieu à un acte ministériel inouï. Le lendemain de la première représentation, l'auteur reçut de M. Jouslin de la Salle, directeur de la Scène au Théâtre-Français, le billet suivant, dont il conserve précieusement l'original : « Il est dix heures et demie et je reçois à l'instant l'ordre de suspendre les représentations du Roi s'amuse. C'est M. Taylor qui me communique cet ordre de la part du ministre. Ce 23 novembre » ». Trois jours plus tard (26 novembre), Victor Hugo adressera la lettre suivante au rédacteur en chef du journal Le National : « Monsieur, Je suis averti qu'une partie de la généreuse jeunesse des écoles et des ateliers a le projet de se rendre ce soir ou demain au Théâtre français pour y réclamer le Roi s'amuse et pour protester hautement contre l'acte d'arbitraire inouï dont cet ouvrage est frappé. Je crois, Monsieur, qu'il est d'autres moyens d'arriver au châtiment de cette mesure illégale, je les emploierai. Permettez-moi donc d'emprunter dans cette occasion l'organe de votre journal pour supplier les amis de la liberté de l'art et de la pensée de s'abstenir d'une démonstration violente qui aboutirait peut-être à l'émeute que le gouvernement cherche à se procurer depuis si longtemps. Agréez, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée. Victor Hugo 26 novembre 1832 » (collection particulière).
En 1833, il rencontre l'actrice Juliette Drouet, qui devient sa maîtresse et lui consacrera sa vie. Elle le sauvera de l'emprisonnement lors du coup d'État de Napoléon III. Il écrira pour elle de nombreux poèmes. Tous deux passent ensemble chaque anniversaire de leur rencontre et remplissent, à cette occasion, année après année, un cahier commun qu'ils nomment tendrement le « Livre de l'anniversaire »23,24. Mais Juliette ne fut pas la seule maîtresse de Victor Hugo qui en eut de nombreuses25.
Juliette Drouet par Champmartin
Lucrèce Borgia et Marie Tudor sont montées au Théâtre de la porte Saint Martin en 1833, Angelo, tyran de Padoue au Théâtre Français en 1835. Il manque de salle pour jouer les drames nouveaux, Victor Hugo décide donc, avec Alexandre Dumas, de créer une salle dédiée au drame romantique. Aténor Joly reçoit, par arrêté ministériel, le privilège autorisant la création du théâtre de la Renaissance en 183626 où sera donné, en 1838, Ruy Blas.
Hugo accède à l'Académie française en 1841, après trois tentatives infructueuses essentiellement dues à une poignée d'académiciens menés entre autres par Étienne de Jouy27, opposés au romantisme et le combattant férocement28.
Puis en 1843 est montée la pièce Les Burgraves qui ne recueille pas le succès escompté. Lors de la création de toutes ces pièces, Victor Hugo se heurte aux difficultés matérielles (théâtre peu propice aux spectacles d'envergure) et humaines (réticences des comédiens français devant les audaces de ses drames). Ses pièces sont régulièrement sifflées par un public peu sensible au drame romantique, même si elles reçoivent aussi de la part de ses admirateurs de vigoureux applaudissements29.
Le 4 septembre 1843, Léopoldine meurt tragiquement à Villequier, dans la Seine, noyée avec son mari Charles Vacquerie dans le naufrage de leur barque. Hugo était alors dans les Pyrénées, avec sa maîtresse Juliette Drouet, et l’apprendra alors par les journaux annonçant la mort de sa fille. L'écrivain est terriblement affecté par cette mort qui lui inspirera plusieurs poèmes des Contemplations — notamment,« Demain, dès l'aube... ». À partir de cette date et jusqu'à son exil, Victor Hugo ne produira plus rien, ni théâtre, ni roman ni poème. Certains voient dans la mort de Léopoldine et l'échec des Burgraves une raison de cette désaffection de Victor Hugo pour la création littéraire30. D'autres y voient plutôt l'attrait pour la politique qui lui offre une autre tribune31.
L'action politique
Élevé par sa mère bretonne dans l'esprit du royalisme, il se laisse peu à peu convaincre de l'intérêt de la démocratie (« J'ai grandi », écrit-il dans le poème « Écrit en 1846 »32 en réponse à un reproche d'un ami de sa mère).
Selon Pascal Meska33, Victor Hugo a la volonté de conquérir le régime pour avoir de l'influence et permettre la réalisation de ses idées34. Il devient ainsi confident de Louis-Philippe en 1844, puis pair de France en 1845. Son premier discours en 1846 est pour défendre le sort de la Pologne écartelée entre plusieurs pays35 puis en 1847, il défend le droit au retour des bannis dont celui de Jérôme Napoleon Bonaparte36.
Au début de la Révolution de 1848, il est nommé maire du 8ème arrondissement de Paris, puis député de la deuxième République et siège parmi les conservateurs. Lors des émeutes ouvrières de juin 1848, Victor Hugo, lui-même, va participer au massacre, en commandant des troupes face aux barricades, dans l'arrondissement parisien dont il se trouve être le maire37. Il en désapprouvera plus tard la répression sanglante38. Il fonde le journal L'Événement39 en août 1848. Il soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte élu Président de la République en décembre 1848. Après la dissolution de l'assemblée nationale, il est élu en 1849 à l'assemblée législative et prononce son Discours sur la misère. Il rompt avec Louis-Napoléon Bonaparte lorsque celui-ci soutient le retour du pape à Rome40 et il se bat progressivement contre ses anciens amis politiques dont il réprouve la politique réactionnaire.
Hugo s'exile après le coup d'État du 2 décembre 1851 qu'il condamne vigoureusement pour des raisons morales41,42 dans Napoléon le petit, pamphlet publié en 1852, dans Histoire d'un crime, écrit au lendemain du coup d'État et publié 25 ans plus tard43 et dans Les Châtiments44.
L'exil
Hauteville House, maison de Victor Hugo en exil à Guernesey
Sous le Second Empire, opposé à Napoléon III, il vit en exil à Bruxelles, puis à Jersey. Le souvenir douloureux de Léopoldine sa fille — ainsi que sa curiosité — le pousse à tenter des expériences de spiritisme consignées dans Les Tables tournantes de Jersey.
Chassé de Jersey en 1855 pour avoir critiqué la reine Victoria, il s'installe à Guernesey dans sa maison Hauteville House. Il fait partie des quelques proscrits qui refusent l'amnistie45 décidée quelque temps après (« Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là46 »). Ces années difficiles sont très fécondes. Il publiera notamment Les Châtiments (1853), œuvre en vers qui prend pour cible le Second Empire ; Les Contemplations, poésies (1856) ; La Légende des siècles (1859), ainsi que Les Misérables, roman (1862). Il rend hommage au peuple de Guernesey dans son roman Les Travailleurs de la mer (1866).
Le retour en France et la mort
Victor Hugo retourne en France en septembre 1870 après la défaite de l'armée française à Sedan et reçoit de la part des Parisiens un accueil triomphal. Il participe activement à la défense de Paris assiégé. Mais il est à Bruxelles en mars 1871 pour régler la succession de son fils Charles lorsqu'éclate laCommune. C'est de Belgique qu'il assiste à la révolte et à sa répression qu'il désapprouve si vivement qu'il en est expulsé47. Il trouve refuge pendant trois mois et demi dans le Grand-Duché (1er juin–23 septembre). Il séjourne successivement à Luxembourg, à Vianden (deux mois et demi), à Diekirch et àMondorf, où il suit une cure thermale. Il y achève le recueil L'Année terrible. Il retourne en France fin 1871 puis à Guernesey où il écrit en 1872, le romanQuatrevingt-treize. En 1873, il est à Paris et se consacre à l'éducation de ses deux petits enfants , Georges et Jeanne qui lui inspirent le recueil L'Art d'être grand-père. Il reçoit beaucoup, hommes politiques et littéraires, les Goncourt, Lockroy, Clemenceau, Gambetta...47 Le 30 janvier 1876, il est élu sénateur et milite pour l'amnistie des communards. Il s'oppose à Mac Mahon quand celui-ci dissout l'assemblée47. Dans son discours d'ouverture du congrès littéraire international de 1878, il se positionne pour le respect de la propriété littéraire mais aussi pour le fondement du domaine public. En juin 1878, Hugo est victime d'un malaise, peut-être48 une congestion cérébrale. Il part se reposer quatre mois à Guernesey dans sa demeure de Hauteville House, suivi de son « secrétaire bénévole » Richard Lesclide 49. Ce mauvais état de santé met pratiquement fin à son activité d'écriture. Toutefois de très nombreux recueils, réunissant en fait des poèmes datant de ses années d'inspiration exceptionnelle (1850-1870) continuent de paraître régulièrement (La Pitié suprême en 1879, L'Âne, Les Quatre Vents de l'esprit en 1881, la dernière série de la Légende des siècles en septembre 1883...), contribuant à la légende du vieil homme intarissable jusqu'à la mort50. Durant cette période, nombre de ses pièces sont de nouveau jouées (Ruy Blas en 1872, Marion de Lorme et Marie Tudor en 187351, Le roi s'amuse en 1882)47.
L'enterrement de Victor Hugo
Sous la Troisième République, le gouvernement Ferry promulgua la loi du 30 juillet 1881, dite de « réparation nationale », qui allouait une pension ou rente viagère aux citoyens français victimes du coup d'Etat du 2 décembre 1851 et de la loi de sûreté générale. La Commission générale chargée d'examiner les dossiers, présidée par le Ministre de l'Intérieur, était composée de représentants du ministère, de conseillers d'État, et comprenait huit parlementaires, tous d'anciennes victimes : quatre sénateurs (Victor Hugo, Jean-Baptiste Massé, Elzéar Pin, Victor Schœlcher) et quatre députés (Louis Greppo, Noël Madier de Montjau, Martin Nadaud et Alexandre Dethou)52.
Jusqu'à sa mort, en 1885, il reste une des figures tutélaires de la république retrouvée — en même temps qu'une référence littéraire incontestée53. Il décède le 22 mai 188554, dans son hôtel particulier « La Princesse de Lusignan », qui était situé à la place de l'actuel 124avenue Victor-Hugo. Selon la légende, ses derniers mots sont : « Ceci est le combat du jour et de la nuit... Je vois de la lumière noire55 ». Conformément à ses dernières volontés56, c'est dans le « corbillard des pauvres » qu'a lieu la cérémonie. Il est d'abord question du Père Lachaise mais le premier juin, suite au décret du 26 mai 1885, il est finalement conduit au Panthéon, la jeune Troisième République profitant de cet évènement57 pour retransformer l'église Sainte-Geneviève en Panthéon. Avant son transfert, son cercueil est exposé une nuit sous l'Arc de triomphe. On considère que plus d'un million de personnes et de nombreuses délégations se sont déplacées pour lui rendre un dernier hommage58 , le cortège vers le Panthéon s'étire sur plusieurs kilomètres59. Il est alors l'écrivain le plus populaire de son temps (et le demeure60) ; il est déjà depuis plusieurs décennies considéré comme l'un des monuments de la littérature française61.
Une œuvre monumentale
L'ensemble des écrits de Victor Hugo (triés et organisés par ses exécuteurs testamentaires Paul Meurice et Auguste Vacquerie62) a été publié chez Jean-Jacques Pauvert et représente presque quarante millions de caractères réunis en 53 volumes.
« L'ensemble de mon œuvre fera un jour un tout indivisible. [...] Un livre multiple résumant un siècle, voilà ce que je laisserai derrière moi [...] »
— Lettre du 9 décembre 185963
Victor Hugo a pratiqué tous les genres : roman, poésie, théâtre, essai, etc. — avec une passion du Verbe, un sens de l'épique et une imagination féconde64. Écrivain et homme politique, Victor Hugo n'a jamais cherché à opérer une distinction entre son activité d'écrivain et son engagement65 ainsi mélange-t-il intimement, dans ses œuvres de fiction, développement romanesque et réflexion politique66.
Le romancier
Un romancier inclassable
Hugo a laissé neuf romans. Le premier, Bug-Jargal a été écrit à seize ans ; le dernier, Quatrevingt-treize, à soixante-douze. L'œuvre romanesque a traversé tous les âges de l'écrivain, toutes les modes et tous les courants littéraires de son temps sans jamais se confondre totalement avec aucun ; en effet, allant au delà de la parodie, Hugo utilise les techniques du roman populaire en les amplifiant et subvertit les genres en les dépassant67 : si Han d'Islande, en 1823, Bug-Jargal, publié en 1826, ou Notre-Dame de Paris, en 1831, ressemblent aux romans historiques en vogue au début du xixe siècle ils en dépassent le cadre ; Hugo n'est pas Walter Scott et, chez lui, le roman se développe vers l'épopée et le grandiose68.
Cosette, illustration pourLes Misérables
par Émile Bayard
Le Dernier Jour d'un condamné en 1829 et Claude Gueux en 1834 engageant une réflexion directement sociale mais ne sont pas plus aisés à définir69. Pour Hugo lui-même, il faut distinguer «romans de faits et romans d'analyse». Ces deux derniers sont des romans à la fois historiques et sociaux, mais sont surtout des romans engagés dans un combat — l'abolition de la peine de mort — qui dépasse de loin le cadre de la fiction. On peut en dire autant des Misérables, qui paraît en 1862, en pleine période réaliste, mais qui lui emprunte peu de caractéristiques70. Ce succès populaire phénoménal embarrasse d'ailleurs la critique car il louvoie constamment entre mélodrame populaire, tableau réaliste et essai didactique71.
De la même façon, dans Les Travailleurs de la mer (1866) et dans L'Homme qui rit (1869), Hugo se rapproche davantage de l'esthétique romantique du début du siècle, avec ses personnages difformes, ses monstres et sa Nature effrayante72 .
Enfin, en 1874, Quatrevingt-treize signe la concrétisation romanesque d'un vieux thème hugolien : le rôle fondateur de la Révolution française dans la conscience littéraire, politique, sociale et morale du xixe siècle. Il mêle alors la fiction et l'histoire sans que l'écriture ne marque de frontière entre les narrations73.
Une œuvre de combat
Le roman hugolien n'est pas un « divertissement » : pour lui l'art doit en même temps instruire et plaire74 et le roman est presque toujours au service du débat d'idées. Cette constante traverse les romans abolitionnistes de sa jeunesse, elle se poursuit, dans sa maturité, au travers de ses nombreuses digressions sur la misère matérielle et morale dans Les Misérables75.
Poète ou romancier, Hugo demeure le dramaturge de la fatalité76 et ses héros sont, comme les héros de tragédie, aux prises avec les contraintes extérieures et une implacable fatalité ; tantôt imputable à la société (Jean Valjean ; Claude Gueux ; le héros du Dernier jour d'un condamné), tantôt à l'Histoire (Quatrevingt-treize) ou bien à leur naissance (Quasimodo). Le goût de l'épopée, des hommes aux prises avec les forces de la Nature, de la Société, de la fatalité, n'a jamais quitté Hugo77 ; l'écrivain a toujours trouvé son public sans jamais céder aux caprices de la mode et personne ne s'étonne qu'il ait pu devenir un classique de son vivant78.
Le dramaturge
Un projet ambitieux
Le théâtre de Victor Hugo se situe dans un renouveau du genre théâtral initié par Madame de Staël, Benjamin Constant, François Guizot,Stendhal79 et Chateaubriand. Dans sa pièce Cromwell qu'il sait être injouable à son époque79(pièce de 6 414 vers et aux innombrables personnages), il donne libre cours à son idée du nouveau théâtre. Il publie conjointement une préface destinée à défendre sa pièce et où il expose ses idées sur le drame romantique : un théâtre « tout en un »79, à la fois drame historique, comédie, mélodrame et tragédie. Il se revendique dans la lignée de Shakespeare79, jetant un pont entre Molière et Corneille80. Il y expose sa théorie du grotesque qui se décline sous plusieurs formes81 : du ridicule au fantastique en passant par le monstrueux ou l'horrible. Victor Hugo écrit « Le beau n'a qu'un type, le laid en a mille »82. Anne Ubersfeld parle à ce sujet de l'aspect carnavalesque du théâtre hugolien83 et de l'abandon de l'idéal du beau79. Selon Victor Hugo, le grotesque doit côtoyer le sublime car ce sont les deux aspects de la vie84.
Lors de la création de ses autres pièces, Victor Hugo est prêt à de nombreuses concessions85 pour apprivoiser le public et le mener vers son idée du théâtre86. Pour lui, le romantisme est le libéralisme en littérature87. Ses dernières pièces, écrites durant l'exil et jamais jouées de son vivant, sont d'ailleurs réunies dans un recueil au nom évocateur Théâtre en liberté. Le théâtre doit s'adresser à tous : l'amateur de passion, celui de l'action ou celui de la morale88. Anne Ubersfeld parle de son désir d'unifier les publics89. Pour lui le théâtre a pour mission d'instruire, d'offrir une tribune pour le débat d'idées et de présenter « les plaies de l'humanité avec une idée consolante90 ».
Victor Hugo choisit de situer ses pièces principalement dans le xvie siècle et le xviie siècle, se documente beaucoup avant de commencer à écrire91, présente souvent une pièce à trois pôles : le maître, la femme, le laid92 où se confrontent et se mélangent deux mondes : celui du pouvoir et celui des serviteurs93, où les rôles s'inversent (Ruy Blas, serviteur, joue le rôle d'un grand d'Espagne), où le héros se révèle faible et où le monstre a une facette attachante94.
Victor Hugo reste attaché à l'alexandrin auquel il donne cependant, quand il le souhaite, une forme plus libre95 et rares sont ses pièces en prose (Lucrèce Borgia, Marie Tudor).
Un accueil mitigé
Article détaillé : Bataille d'Hernani.
Victor Hugo, s'il possède d'ardents défenseurs de son théâtre comme Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Hector Berlioz, Petrus Borel, etc.96, a aussi rencontré de nombreuses difficultés dans la présentation de ses pièces.
La première est une opposition politique. Sa remise en question des représentants du pouvoir ne plaît pas, Marion de Lorme est interdite, le Roi s'amuse l'est aussi après sa première représentation, Les Ultras attaquent Ruy Blas97.
La seconde est la contrainte économique : il n'existe sur Paris que deux théâtres susceptibles de représenter le drame, le Théâtre Français et le théâtre de la Porte-Saint-Martin. Ces deux théâtres subventionnés ne roulent pas sur l'or et sont tributaires des subsides de l'État. Leurs directeurs hésitent à prendre des risques26. Victor Hugo se plaindra du manque de liberté qu'ils offrent98. C'est une des raisons qui lui font entreprendre l'aventure du théâtre de la Renaissance.
La troisième et la plus importante est une opposition du milieu artistique lui-même. Les artistes et les critiques de son époque sont pour beaucoup hostiles à la transgression des codes culturels que représente le théâtre de Victor Hugo. Ils approuvent les grandes pensées qui élèvent l'âme mais s'insurgent contre tout ce qui relève du grotesque, du vulgaire, du populaire ou du trivial99. Ils ne supportent pas tout ce qui est excessif, lui reprochent son matérialisme et son absence de morale100. Ils critiquent vigoureusement chaque pièce présentée et sont souvent à l'origine de leur arrêt prématuré. Le Roi s'amuse ne fut représenté qu'une seule fois101, Hernani, pourtant forte de 50 représentations à succès ne fut pas reprise en 1833, Marie Tudor n'est joué que 42 fois102, Les Burgraves sont un échec. Ruy Blas est un succès financier mais est boudé par la critique103. Seule Lucrèce Borgia peut être considérée comme un plein succès.
Le devenir
Florence Naugrette fait remarquer que le théâtre de Victor Hugo est très peu joué104, 105. Absent des répertoires durant la première moitié du xxe siècle, il est remis au goût du jour parJean Vilar en 1954 qui monte successivement Ruy Blas et Marie Tudor. D'autres metteurs en scène suivent qui font revivre Lucrèce Borgia (Bernard Jenny), Les Burgraves et Hernani(Antoine Vitez), Marie Tudor (Daniel Mesguich), les pièces du Théâtre en liberté (L'Intervention, Mangeront-ils?, Mille Francs de récompense...) sont montées dans les années 60. Florence Naugrette souligne aussi les difficultés d'interprétation du théâtre hugolien, comment n'être ni grandiloquent, ni prosaïque, mais sans fausse pudeur, comment présenter le grotesque sans glisser vers la caricature et comment gérer l'immensité de l'espace scénique et rappelle le conseil de Jean Vilar : « jouer sans pudeur en faisant confiance au texte de Victor Hugo ».
Le poète
Vers de jeunesse
À vingt ans, Hugo publie les Odes, recueil qui laisse déjà entrevoir, chez le jeune écrivain, les thèmes hugoliens récurrents : le monde contemporain, l'Histoire, la religion et le rôle du poète, notamment. Par la suite, il se fait de moins en moins classique, de plus en plus romantique, et Hugo séduit le jeune lecteur de son temps au fil des éditions successives desOdes (quatre éditions entre 1822 et 1828).
En 1828, Hugo réunit sous le titre Odes et Ballades toute sa production poétique antérieure. Fresques historiques, évocation de l'enfance ; la forme est encore convenue, sans doute, mais le jeune romantique prend déjà des libertés avec le mètre et la tradition poétique. Cet ensemble permet en outre de percevoir les prémices d'une évolution qui durera toute sa vie : le chrétien convaincu s'y montre peu à peu plus tolérant, son monarchisme qui se fait moins rigide et accorde une place importante à la toute récente épopée napoléonienne ; de plus, loin d'esquiver son double héritage paternel (napoléonien) et maternel (royaliste), le poète s'y confronte, et s'applique à mettre en scène les contraires (ce que l'on appelle l'antithèse hugolienne) pour mieux les dépasser :
« Les siècles, tour à tour, ces gigantesques frères,
Différents par leur sort, semblables en leurs vœux,
Trouvent un but pareil par des routes contraires. »106.
Puis Hugo s'éloigne dans son œuvre des préoccupations politiques immédiates auxquelles il préfère — un temps — l'art pour l'art. Il se lance dans Les Orientales (l'Orient est un thème en vogue) en 1829, (l'année du Dernier jour d'un condamné).
La Grèce sur les ruines de Missolonghi, Eugène Delacroix, 1827
Le succès est important, sa renommée de poète romantique assurée et surtout, son style s'affirme nettement tandis qu'il met en scène la guerre d'indépendance de la Grèce (le choix de présenter l'exemple de ces peuples qui se débarrassent de leurs rois n'est pas innocent dans le contexte politique français) qui inspira également Lord Byron ou Delacroix.
La première maturité
Dès les Feuilles d'automne (1832), les Chants du crépuscule (1835) Les Voix intérieures (1837), jusqu'au recueil les Rayons et les Ombres(1840), se dessinent les thèmes majeurs d'une poésie encore lyrique — le poète est une « âme aux mille voix » qui s'adresse à la femme, à Dieu, aux amis, à la Nature et enfin (avec les Chants du crépuscule) aux puissants qui sont comptables des injustices de ce monde.
Ces poésies touchent le public parce qu'elles abordent avec une apparente simplicité des thèmes familiers ; pourtant, Hugo ne peut résister à son goût pour l'épique et le grand. Ainsi, on peut lire, dès le début des Feuilles d'automne, les vers :
« Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte »
Créativité et puissance littéraire
À partir de l'exil commence une période de création littéraire qui est considérée comme la plus riche, la plus originale et la plus puissante de l'œuvre de Victor Hugo. C'est alors que naitront certains de ses plus grands poèmes(l'Expiation dans les Châtiments, Booz endormi dans laLégende des siècles, pour ne citer que ces deux exemples).
Les Châtiments sont des vers de combat qui ont pour mission, en 1853, de rendre public le « crime » du « misérable » Napoléon III : le coup d'État du 2 décembre. Prophète des malheurs qui attendent Napoléon III, exécuteur du neveu honni, Hugo s'y fait cruel, satirique, voire grossier (« pourceau dans le cloaque107 ») pour châtier « le criminel108 ». Mais Hugo se fait aussi poète de temps meilleurs comme par exemple dans Stella ; le poète prend alors des tons quasiment religieux. Quant à la forme desChâtiments, elle est d'une extrême richesse puisque Hugo recourt aussi bien à la fable, qu'à l'épopée, à la chanson ou à l'élégie, etc.
Quelques années plus tard, Hugo déclare, à propos des Contemplations qui paraissent en 1856 : « Qu'est-ce que les Contemplations ? — Les mémoires d'une âme » 109. Apothéose lyrique, marquée par l'exil à Guernesey et la mort (cf. Pauca Meae) de la fille adorée : exil affectif, exil politique : Hugo part à la découverte solitaire du moi et de l'univers. Le poète, tout comme dans les Châtiments, se fait même prophète, voix de l'au-delà, voyant des secrets de la vie après la mort et qui tente de percer les secrets des desseins divins. Mais, dans le même temps, les Contemplations, au lyrisme amoureux et sensuel, contient certains des plus célèbres poèmes inspirés par Juliette Drouet. Les Contemplations : œuvre multiforme donc comme il convient aux « mémoires d'une âme »110.
Enfin, la Légende des siècles, son chef-d'œuvre, synthétise l'histoire du monde en une grande épopée parue en 1859 ; « L'homme montant des ténèbres à l'Idéal »111,112, c'est-à-dire la lente et douloureuse ascension de l'humanité vers le Progrès et la Lumière113.
Une place à part dans son siècle
Tantôt lyrique, tantôt épique, Hugo est présent sur tous les fronts et dans tous les genres: il a profondément ému ses contemporains, exaspéré les puissants et inspiré les plus grands poètes.
Ainsi que le rappelle Simone de Beauvoir : « Son 79e anniversaire fut célébré comme une fête nationale : 600 000 personnes défilèrent sous ses fenêtres, on lui avait dressé un arc de triomphe. L'avenue d'Eylau fut peu après baptisée avenue Victor-Hugo et il y eut un nouveau défilé en son honneur le 14 juillet. Même la bourgeoisie s'était ralliée (...) »114.
Le témoin voyageur
Article détaillé : Victor Hugo en voyage.
Victor Hugo a beaucoup voyagé jusqu'en 1871. De ses voyages, il rapporte des carnets de dessins et des notes115,116. On peut ainsi citer le récit d'un voyage fait à Geneve et dans les Alpes avec Charles Nodier117. Il part aussi chaque année pour un voyage d'un mois avec Juliette Drouet découvrir une région de France ou d'Europe et en revient avec notes et dessins47. De trois voyages sur le Rhin (1838, 1839, 1840), il rapporte un recueil de lettres, notes et dessins publié en 1842 et complété en 1845118. Pendant les années 1860, il traverse plusieurs fois le Grand-Duché de Luxembourg comme touriste, alors qu'il se rend sur le Rhin allemand (1862, 1863, 1864, 1865). De retour à Paris en 1871, il cesse de voyager115.
Le dessinateur
Aux nombreux talents de l'écrivain, il faut ajouter le dessin. L'artiste n'a certes pas éclipsé le poète, mais on continue néanmoins de redécouvrir le travail pictural de Victor Hugo – auquel on a consacré de nombreuses et prestigieuses expositions au cours des vingt dernières années (lors du centenaire de sa mort, en 1985, « Soleil d'Encre » au Petit Palais et « Dessins de Victor Hugo » place des Vosges dans la maison qu'il habita sous la Monarchie de Juillet ; mais aussi, plus récemment, à New York, Venise, Bruxelles, ou Madrid).
En bon autodidacte, Hugo n'hésite pas à utiliser les méthodes les plus rustiques ou expérimentales : il mélange à l'encre le café noir, le charbon, la suie de cheminée, peignant du bout de l'allumette ou au moyen des barbes d'une plume.
Ses œuvres sont, en général, de petite taille et il s'en sert tantôt pour illustrer ses écrits (Les Travailleurs de la mer), tantôt pour les envoyer à ses amis pour le jour de l'an ou à d'autres occasions. Cet art, qu'il pratiquera toute sa vie, le divertit.
Au début, ses travaux sont de facture plutôt réaliste ; mais avec l'exil et la confrontation mystique du poète avec la mer, ils acquerront une dimension presque fantastique119,120.
Cette facette du talent d'Hugo n'échappera pas à ses contemporains et lui vaudra les louanges de, notamment, Charles Baudelaire : « Je n'ai pas trouvé chez les exposants du Salon la magnifique imagination qui coule dans les dessins de Victor Hugo comme le mystère dans le ciel. Je parle de ses dessins à l'encre de Chine, car il est trop évident qu'en poésie, notre poète est le roi des paysagistes 121».
Victor Hugo et la photographie
Victor Hugo lisant devant un mur de pierre, par Auguste Vacquerie 1853 (?), Musée d'Orsay, Paris
Pendant l'exil à Jersey, Victor Hugo s'intéresse au médium de la photographie. Il collabore avec ses fils François-Victor et surtout Charles, ainsi qu'avec Auguste Vacquerie. Hugo leur délègue la partie technique, mais c'est lui qui met en scène les prises de vues. Ils produisent d'abord des daguerréotypes, puis des photographies d'après négatifs sur papier, portraiturant essentiellement le poète ou son entourage familial et amical. Ils prennent aussi des vues de Jersey, de Marine Terrace et de quelques dessins de Hugo.
Ces images (environ 350 œuvres), qui avaient valeur de souvenir ou de communication médiatique, furent diffusées dans le cercle des intimes ou au-delà, rassemblées en albums, insérées dans certains exemplaires des éditions originales de l'écrivain, mais n'ont jamais connues la diffusion commerciale d'abord envisagée par Victor Hugo122.
Sa pensée politique
À partir de 1849, Victor Hugo consacre un tiers de son œuvre à la politique, un tiers à la religion et le dernier à la philosophie humaine et sociale. La pensée de Victor Hugo est complexe et parfois déroutante. Il refuse toute condamnation des personnes et tout manichéisme, mais n'en est pas moins sévère pour la société de son temps. Au fur et à mesure, sa pensée politique va évoluer, quitter le conservatisme et se rapprocher du réformisme123,124.
Politique intérieure
Les représentants représentés, caricature de Victor Hugo par Daumier, 1849, après l'élection de l'écrivain à l'Assemblée constituante
Dans sa jeunesse, Victor Hugo est proche du parti conservateur. Pendant la restauration, il soutientCharles X de France. En cela, il s'inscrit dans la ligne politique de Chateaubriand.
Lors de la Révolution française de 1848, Victor Hugo, pair de France, prend d'abord la défense de la monarchie (le président du Conseil Odilon Barrot, le charge de défendre l'idée d'une régence de la Duchesse d'Orléans). La république étant proclamée, Lamartine lui propose un poste de ministre (Instruction publique) dans le gouvernement provisoire de 1848, il refuse. Aux élections d'avril 1848, bien que non candidat il obtient près de 55 500 voix à Paris mais n'est pas élu. Par contre aux élections complémentaires du 24 mai, il est élu à Paris avec près de 87 000 voix. Il siège avec la droite conservatrice. Pendant les Journées de Juin 1848, il mène des groupes de force gouvernementales à l'assaut des barricades dans la rue Saint-Louis. Il vote la loi du 9 août 1848, qui suspend certains journaux républicains en vertu de l'état de siège. Ses fils fondent le journal L'Évenement qui mène une campagne contre le président du conseil le républicain Cavaignac, et soutiendra la candidature de Louis Napoléon Bonaparte à l'élection présidentielle de 1848. Étant contre le principe de l'assemblée législative unique, il ne vote pas la Constitution de 1848. Au début de la présidence de Louis Napoléon Bonaparte il fréquente le nouveau président. En mai 1849, il est élu à l' Assemblée législative. C'est à l'été 1849, que progressivement il se détourne de la majorité conservatrice de l'Assemblée législative dont il désapprouve la politique réactionnaire. En janvier 1850, Victor Hugo combat la loi Falloux réorganisant l'enseignement en faveur de l'Église catholique, en mai il combat la loi qui restreint le suffrage universel et en juillet il intervient contre la loi Rouher qui limite la liberté de la presse. En juillet 1851 il prend position contre la loi qui propose la révision de la constitution afin de permettre la réélection de Louis Napoléon Bonaparte. En juin 1851, au palais de Justice de Paris il défend son fils qui est poursuivi pour avoir publié un article contre la peine de mort dans son journal l'Évènement. Au soir du coup d'État du 2 décembre 1851 avec une soixantaine de représentants il rédige un appel à la résistance armée. Poursuivi, il parvient à passer en Belgique le 14 décembre. C'est le début d'un long exil.
Réformiste, il souhaite changer la société. S'il justifie l'enrichissement, il dénonce violemment le système d'inégalité sociale. Il est contre les riches qui capitalisent leurs gains sans les réinjecter dans la production. L'élite bourgeoise ne le lui pardonnera pas. De même, il s'oppose à la violence si celle-ci s'exerce contre un pouvoir démocratique mais il la justifie (conformément d'ailleurs à la déclaration des droits de l'homme) contre un pouvoir illégitime. C'est ainsi qu'en 1851, il lance un appel aux armes 125— « Charger son fusil et se tenir prêt » — qui n'est pas entendu. Il maintient cette position jusqu'en 1870. Quand éclate la guerre franco-allemande, Hugo la condamne : guerre de « caprice » 126 et non de liberté. Puis, l'Empire est renversé et la guerre continue, contre la République ; le plaidoyer de Hugo en faveur de la fraternisation reste sans réponse. Alors, le17 septembre, le patriote prend le pas sur le pacifiste : il publie cette fois un appel à la levée en masse et à la résistance. Les élections du 8 février 1871 portent au pouvoir les monarchistes partisans de la paix avec Bismarck. Le peuple de Paris, quant à lui, refuse la défaite et la Commune commence le 18 mars ; l'on s'arrache les Châtiments.
La Commune
En accord avec lui-même, Hugo ne pouvait être communard :
« Ce que représente la Commune est immense, elle pourrait faire de grandes choses, elle n'en fait que des petites. Et des petites choses qui sont des choses odieuses, c'est lamentable. Entendons-nous, je suis un homme de révolution. J'accepte donc les grandes nécessités, à une seule condition : c'est qu'elles soient la confirmation des principes et non leur ébranlement. Toute ma pensée oscille entre ces deux pôles : « civilisation-révolution ». La construction d'une société égalitaire ne saurait découler que d'une recomposition de la société libérale elle-même. »127
.
Il ne soutient pas non plus la réaction d'Adolphe Thiers. Ainsi, Victor Hugo défend la grâce du jeune officier protestant devenu Ministre de la guerre de la Commune Louis-Nathaniel Rossel face à Adolphe Thiers. Un jeune homme qu'il estime et juge différent des autres communards. Devant la répression qui s'abat sur les communards, le poète dit son dégoût :
« Des bandits ont tué 64 otages. On réplique en tuant 6 000 prisonniers ! »128
.
Combats sociaux
Victor Hugo a pris des positions sociales très tranchées, et très en avance sur son époque. Son chef d'œuvre, Les Misérables est un hymne à la misère et aux plus démunis.
La question sociale
Dénonçant jusqu'à la fin la ségrégation sociale, Hugo déclare lors de la dernière réunion publique qu'il préside : « La question sociale reste. Elle est terrible, mais elle est simple, c'est la question de ceux qui ont et de ceux qui n'ont pas ! ». Il s'agissait précisément de récolter des fonds pour permettre à 126 délégués ouvriers de se rendre au premier Congrès socialistede France, à Marseille.
La peine de mort
Hugo est un farouche abolitionniste. Dans son enfance, il a assisté à des exécutions capitales et toute sa vie, il luttera contre. Le Dernier Jour d'un condamné (1829) et Claude Gueux(1834), deux romans de jeunesse, soulignent à la fois la cruauté, l'injustice et l'inefficacité du châtiment suprême. Mais la littérature ne suffit pas, Hugo le sait. Chambre des Pairs,Assemblée, Sénat : Victor Hugo saisira toutes les tribunes pour défendre l'abolition :
« La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. » (discours du 15 septembre 1848 devant l'Assemblée nationale constituante)
Discours
Victor Hugo a prononcé pendant sa carrière politique plusieurs grands discours ; la plupart d'entre eux sont regroupés dans Actes et paroles :
- Pour la Serbie, 1876, Pour une Fédération Européenne 129;
- contre le travail des enfants (Chambre des pairs, 1847) ;
- contre la misère (Discours sur la misère, 9 juillet 1849) ;
- sur la condition féminine (aux obsèques de George Sand, 10 juin 1876) ;
- contre l'enseignement religieux et pour l'école laïque et gratuite (Discours à propos du projet de loi sur l'enseignement, 15 janvier 1850 Lire en ligne., et extraits Lire ici.) ;
- plusieurs plaidoyers contre la peine de mort (Que dit la loi ? « Tu ne tueras pas ». Comment le dit-elle ? En tuant !) ;
- plusieurs discours en faveur de la paix (Discours d'ouverture du Congrès de la paix, 21 août 1849) ; lettre en 1861 contre le pillage de l'ancien palais d'été par les Français et les Anglais lors de la seconde guerre de l'opium130 ;
- pour le droit de vote universel ;
- sur la défense du littoral 131;
- contre l'invalidation de l'élection de Garibaldi à l'Assemblée nationale en 1871, qui fut à l'origine de sa propre démission (Contre l'invalidation de Garibaldi, Discours à l'Assemblée nationale, 8 mars 1871, Grands moments d'éloquence parlementaire).
Les États-Unis d'Europe
Buste de Hugo à l'Assemblée Nationale avec extrait de son discours de 1849.
Victor Hugo a fréquemment défendu132 l'idée de la création des États-Unis d'Europe. Ainsi, dès 1849, au congrès de la paix, il lance :
« Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l'Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n'y aura plus d'autres champs de bataille que les marchés s'ouvrant au commerce et les esprits s'ouvrant aux idées. - Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d'un grand sénat souverain qui sera à l'Europe ce que le parlement est à l'Angleterre, ce que la diète est à l'Allemagne, ce que l'Assemblée législative est à la France !"133 »
Victor Hugo conçoit une Europe axée sur le Rhin, lieu d'échanges culturels et commerciaux entre la France et Allemagne qui serait le noyau central de ces États-Unis d'Europe134. Il présente une Europe des peuples par opposition à l'Europe des rois, sous forme d'une confédération d'États avec des peuples unis par le suffrage universel et l'abolition de la peine de mort135.
L'idée n'est pas neuve, elle fut défendue avant lui par Saint-Simon, Guizot et Auguste Comte136,135 mais Victor Hugo en fut un de ses plus ardents défenseurs à une époque où l'histoire s'y prête peu. Considéré comme visionnaire ou fou136, Victor Hugo reconnaît les obstacles qui entravent cette grande idée et précise même qu'il faudra peut-être une guerre ou une révolution pour y accéder137.
La colonisation et l'esclavage
Article détaillé : Victor Hugo et la conquête de l'Algérie.
Victor Hugo s'est peu exprimé sur la question de la colonisation de l'Algérie, qui a constitué pourtant la principale aventure coloniale de la France de son époque. Ce silence relatif ne doit pourtant pas être trop rapidement assimilé à un acquiescement de la part de l'auteur des Misérables. En effet, si Hugo a été sensible aux discours légitimant la colonisation au nom de la « civilisation138 », une analyse attentive de ses écrits - et de ses silences - montre qu'à propos de la « question algérienne » ses positions furent loin d'être dénuées d'ambiguïtés : sceptique à l'égard des vertus civilisatrices de la « pacification » militaire, il devait surtout voir dans l'Algérie colonisée le lieu où l'armée française s'est « faite tigre », et où les résistants au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte ont été déportés139.
Sur la question de l'esclavage, celui qui, dans les années 1820, montrait à travers Bug-Jargal qu'il partageait dans sa vision des peuples noirs les mêmes préjugés que ses contemporains, et qui garda un silence étonnant lors de l'abolition de l'esclavage en 1848140, devait intervenir pour demander la grâce de l'abolitionniste américain John Brown141.
Convictions religieuses
Selon Alain Decaux142, Victor Hugo, élevé par un père franc-maçon et une mère qui n'est jamais entrée dans une église se construit une foi profonde mais personnelle.
Victor Hugo n'a jamais été baptisé, a tenté l'expérience d'un confesseur mais finit sa vie en refusant l'oraison des églises. Il reproche à l'Église le carcan dans laquelle celle-ci enferme la foi. Alain Decaux cite142, à ce sujet, cette phrase prononcée par Olympio: « Les dogmes et les pratiques sont des lunettes qui font voir l’étoile aux vues courtes. Moi je vois Dieu à l’œil nu ». Son anticléricalisme transparaît dans ses écrits comme Religions et religion143, La fin de Satan, Dieu, Le pape, Torquemada, ainsi que dans son adhésion à des mouvements anticléricaux144.
Victor Hugo reste cependant profondément croyant, il croit en un Dieu souffrant et compatissant145, en un Dieu force infinie créatrice de l'univers142, et à l'immortalité de l'âme. La mort de Léopoldine provoque un regain dans sa quête de spiritualité142 et lui inspire les Contemplations.
La quête spirituelle de Victor Hugo l'entraine à explorer d'autres voies que le catholicisme. Il lit le Coran142, s'intéresse au druidisme, critique les religions orientales146 et expérimente lespiritisme.
Victor Hugo se trouve en exil sur l'île de Jersey lorsque son amie Delphine de Girardin, qui se sait condamnée, l'initie en 1853 aux tables tournantes. Cette pratique issue du spiritualisme anglo-saxon, vise à tenter d'entrer en communication avec les morts. Hugo, pour qui les poètes sont également des voyants, est ouvert à ce genre de phénomènes. Ses expériences sont consignées dans Le Livre des tables. Durant deux ans, il interroge les tables, rencontre l'esprit de Léopoldine, mais aussi les esprits de Jésus, Caïn, Dante, Shakespeare ainsi que des entités telles la Mort, la Bouche d'Ombre, Le Drame ou la Critique. Il se forge ainsi une nouvelle religion dépassant le christianisme et englobant la métempsycose147.
Par la suite, Victor Hugo affiche ses convictions concernant la survie de l'âme en déclarant publiquement : Ceux que nous pleurons ne sont pas les absents, ce sont les invisibles148 . Lors de l'enterrement de l'écrivain, cette phrase est inscrite sur une couronne de fleurs portée par une délégation de la Société Scientifique du Spiritisme qui considérait que Victor Hugo en avait été un porte-parole149.
Hugo et ses contemporains
Estimé par certains et critiqué par d'autres, Victor Hugo reste une figure de référence de son siècle 150.
Le temps des rivaux
Admirateur de Chateaubriand à qui il dédie plusieurs odes151, il se détache peu à peu de son ancien maître qui lui reproche une littérature subversive152. Il entretient des relations d'estime et d'admiration mutuelles avec Balzac (un peu de méfiance, l'ego des grands créateurs y pourvoit), Nerval153 et Vigny154 et des relations d'amitié avec Dumas, son compagnon de romantisme, qui dureront, avec beaucoup de hauts et quelques bas, toute la vie155. La rivalité est plus exacerbée avec Lamartine, auquel Hugo ne cesse de proclamer son admiration mais ne lui concède plus, le succès venant, de réelle prééminence artistique156 et avec Musset qui lui reproche ses artifices et son engagement politique157.
Il détient en Barbey d'Aurevilly158, Gustave Planche159, et Sainte-Beuve à partir de 1835160, des adversaires tenaces et constants, dans les frères Goncourt des lecteurs très critiques161 et en George Sand une commentatrice très perspicace162. Mais il possède en Théophile Gautier un admirateur inconditionnel163 que Victor Hugo soutiendra juqu'à sa mort164.
Les relations sont plus conflictuelles avec les admirateurs de la première heure, que Victor Hugo déçoit parfois par la suite et qui alternent éloges et critiques : Baudelaire165,Flaubert166... D'autres revendiquent leur filiation avec Victor Hugo tout en empruntant des voies qui leur sont propres, se détachant même du romantisme : Théodore de Banville167,Leconte de Lisle168, Mallarmé169, Verlaine170...
L'étiquette d'auteur engagé que lui vaut son exil participe à sa notoriété mais lui aliène l'estime de poètes comme Baudelaire171, et provoque sa rupture avec Vigny, fidèle à l'empereur172.
La statue du commandeur
Quand il retourne en France après l'exil, il est considéré comme le grand auteur qui a traversé le siècle et comme un défenseur de la république173. Les monarchistes ne pardonnent pas facilement à celui qui a trahi son milieu et si les républicains les plus à gauche doutent de sa conversion, il devient cependant un enjeu politique, adulé par la gauche républicaine qui organise pour l'anniversaire de ses 79 ans, un grande fête populaire174. Les jeunes poètes continuent de lui envoyer leurs vers – tandis que d'autres se montrent volontiers irrévérencieux.
« Hugo : l'Homme apocalyptique,
L'Homme-Ceci-tûra-cela,
Meurt, gardenational épique ;
Il n'en reste qu'un — celui-là — »
– Tristan Corbière, « Un jeune qui s'en va », Les Amours jaunes (1873)
Ce culte hugolien exaspère ses pairs. Paul Lafargue écrit en 1885 son pamphlet La légende de Victor Hugo et Zola s'exclame :
« Victor Hugo est devenu une religion en littérature, une sorte de police pour le maintien du bon ordre (...) Être passé à l'état de religion nécessaire, quelle terrible fin pour le poète révolutionnaire de 1830. » -Émile Zola, L'encre et le sang (Hugo et Littré - 1881)
Postérité
Au xxe siècle
Au début du xxe siècle, Victor Hugo reste une gloire nationale et l'anniversaire de sa naissance donne lieu à de nombreuses manifestations officielles175. Le milieu artistique a cependant pris un peu ses distances. Le mouvement parnassien et le mouvement symboliste, en remettant en cause l'éloquence dans la poésie, se sont posés en adversaires de l'école de Hugo176 et la mode en ce début de siècle est à une poésie moins passionnée177. La phrase d'André Gide, « Victor Hugo hélas », en réponse à la question « Quel est votre poète ? » à un questionnaire sur « les poètes et leur poète »178, montre la double attitude des poètes du xxe siècle, reconnaissant à Victor Hugo une place prééminente parmi les poètes mais exaspérés parfois aussi par ses excès179. Charles Péguy, dans Notre patrie publié en 1905, n'est pas tendre envers le grand homme180, l'accusant d'être un « hypocrite pacifiste »181, disant de lui que « Faire des mauvais vers lui est complètement égal »182 mais plus loin s'exclamant « quels réveils imprévus, quel beau vers soudain »182 et parlant d'« entrainement formidable de l'image et du rythme »183. Saint-John Perse lui reproche d'avoir perverti le romantisme par son engagement politique184. On retrouve de son influence aussi bien chez des admirateurs comme Dostoïevski185 que chez de violents détracteurs comme Jean Cocteau186. Vers 1930, Eugène Ionesco écrit le pamphlet Hugoliade et reproche à Hugo une éloquence masquant la poésie ainsi que sa mégalomanie187.
Entre les deux guerres, c'est en sa qualité de révolutionnaire qu'il est apprécié par les gens de gauche (Romain Rolland, Alain) et exécré des réactionnaires (Charles Maurras188), c'est en sa qualité de visionnaire qu'il est apprécié des surréalistes177. Il est admiré par Aragon189, par Desnos190.
Durant la guerre, son image sert de porte-drapeau à la résistance191,177.
Au retour de la guerre, les passions s'assagissent, on découvre l'homme. François Mauriac déclare, en 1952 : « Il commence à peine à être connu. Le voilà au seuil de sa vraie gloire. Son purgatoire est fini. »192. Henri Guillemin publie une biographie très nuancée de l'écrivain177. Jean Vilar popularise son théâtre. Victor Hugo est désormais adapté au cinéma, au théâtre et pour la jeunesse. Le centenaire de sa mort est fêté en grande pompe193.
Adaptations
Les œuvres d'Hugo ont donné lieu à d'innombrables adaptations194 au cinéma, à la télévision ou au théâtre. Le héros hugolien le plus interprété demeure Jean Valjean, incarné, en France, par Harry Baur, Jean Gabin, Lino Ventura ou Gérard Depardieu.
Cinéma
Près d'une centaine d'adaptations au total dont plus d'une quarantaine pour Les Misérables, suivi de près par Notre-Dame de Paris. On peut y voir le caractère universel de l'œuvre d'Hugo car les cinémas les plus divers s'en sont emparés : américain (1915, Don Caesar de Bazan, tiré de Ruy Blas) ;; The Man Who Laughs (1928, adaptation de L'Homme qui rit); anglais, indien (Badshah Dampati, en 1953, adaptation de Notre-Dame de Paris) ; japonais (en 1950 Re Mizeraburu : Kami To Akuma : adaptation dans un cadre japonais, sous l'ère Meiji) ; égyptien (ex :1978, Al Bo'asa adaptation des Misérables) ; italien (1966, L'Uomo che ride, adaptation de L'Homme qui rit), etc.
L'Histoire d'Adèle H. de François Truffaut est un des rares films biographiques qui évoque indirectement l'exil de Victor Hugo (qui n'apparait pas dans le film) à travers le destin de sa filleAdele Hugo. L'écrivain apparaît dans le film de Sacha Guitry Si Paris nous était conté interprété par Émile Drain.
Télévision
Un nombre important d'adaptations d'œuvres de Victor Hugo a été réalisé pour la télévision. Pour la télévision française Jean Kerchbron réalisa les adaptations de Marion DelormeTorquemada et L'Homme qui rit, en 2000 Josée Dayan fit une adaptation des Misérables avec Gérard Depardieu, Christian Clavier et John Malkovich.
Opéra
Une centaine d'opéras ont été inspirés par l'œuvre de Victor Hugo. Signalons, entre autres, parmi les plus connus :
- 1833 : Lucrezia Borgia, de Gaetano Donizetti, , d'après Lucrèce Borgia.
- 1837 : Il Giuramento, Saverio Mercadante, d'après Angelo, tyran de Padoue.
- 1844 : Ernani de Verdi, tiré de la pièce Hernani.
- 1851 : Rigoletto de Verdi, d'après la pièce Le Roi s'amuse.
- 1885 : Marion Delorme de Amilcare Ponchielli, d'après la pièce Marion de Lorme
Sur ces opéras et d'autres, on se reportera au numéro hors série de L'Avant-scène opéra, Hugo à l'opéra, dirigé par Arnaud Laster, spécialiste des rapports de Victor Hugo avec la musique et des mises en musique de ses œuvres195.
Contrairement à ce que l'on a souvent prétendu, Victor Hugo n'était pas hostile à la mise en musique de ses poèmes ni aux opéras inspirés par ses œuvres sauf quand on ne signalait pas qu'il était l'auteur de l'œuvre adaptée196,197. Néanmoins, lors des premières représentations d'Ernani, Hugo insista pour que le titre et le nom des personnages soient changés198.
Son ami Franz Liszt composa plusieurs pièces symphoniques inspirées de ses poèmes : Ce qu'on entend sur la montagne, tiré des Feuilles d'automne, et Mazeppa, tiré des Orientales. Bien d'autres compositeurs199 mettront ses poèmes en musique, de Bizet à Wagner en passant par Camille Saint-Saëns ou Fauré.
Comédies musicales
Les Misérables à Broadway (Imperial Theater, New York, février 2003)
- 1980 : Les Misérables, (adaptation d'Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg), est devenue l'une des plus populaires comédies musicales : jouée dans 40 pays, traduite en 21 langues et vue par plus de 55 millions de spectateurs au total200.
- 1999 Notre-Dame de Paris, (adaptation Luc Plamondon et Richard Cocciante).
Films d'animation
Plusieurs succès, dont les plus célèbres :
- 1996 : Le Bossu de Notre-Dame (The Hunchback of Notre Dame, par les studios Disney)
- 1979 : Les Misérables, film d'animation japonais.
Chansons
Plusieurs chanteurs ont repris des poèmes de Victor Hugo. Citons :
- Georges Brassens : Gastibelza, La Légende de la Nonne
- Julos Beaucarne : Je ne songeais pas à Rose
- Colette Magny : Les Tuileries, Chanson en canot
- Pierre Bensusan : s:« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne »
Liste des œuvres
Note : l'année indiquée entre parenthèses est la date de la première parution
Théâtre
- 1827 : Cromwell
- 1828 : Amy Robsart
- 1830 : Hernani
- 1831 : Marion de Lorme
- 1832 : Le roi s'amuse
- 1833 : Lucrèce Borgia
- 1833 : Marie Tudor
- 1835 : Angelo, tyran de Padoue
- 1838 : Ruy Blas
- 1843 : Les Burgraves
- 1882 : Torquemada
- 1886 : Théâtre en liberté (à titre posthume)
Romans
Luc-Olivier Merson (1846-1920), illustration pour
Notre-Dame de Paris, 1881
- 1818 : Bug-Jargal
- 1823 : Han d'Islande
- 1829 : Le Dernier Jour d'un condamné
- 1831 : Notre-Dame de Paris
- 1834 : Claude Gueux
- 1862 : Les Misérables
- 1866 : Les Travailleurs de la mer
- 1869 : L'Homme qui rit
- 1874 : Quatrevingt-treize
Poésies
- 1822 : Odes et poésies diverses
- 1824 : Nouvelles Odes
- 1826 : Odes et Ballades
- 1829 : Les Orientales
- 1831 : Les Feuilles d'automne
- 1835 : Les Chants du crépuscule
- 1837 : Les Voix intérieures
- 1840 : Les Rayons et les Ombres
- 1853 : Les Châtiments
- 1856 : Les Contemplations
- 1859 : Première série de la Légende des siècles
- 1865 : Les Chansons des rues et des bois
- 1872 : L'Année terrible
- 1877 : L'Art d'être grand-père
- 1877 : Nouvelle série de la Légende des siècles
- 1878 : Le Pape
- 1879 : La Pitié suprême
- 1880 : L'Âne
- 1880 : Religions et religion
- 1881 : Les Quatre Vents de l'esprit
- 1883 : Série complémentaire de la Légende des siècles
Recueils posthumes :
- 1886 : La Fin de Satan
- 1891 : Dieu et 1941
Choix de poèmes parmi les manuscrits de Victor Hugo, effectués par Paul Maurice :
- 1888 : Toute la Lyre (1893, 1893, 1835-1937),
- 1893 : Nouvelle série de Toute la Lyre
- 1898 : Les Années funestes
- 1902 : Dernière Gerbe et 1941 ( le titre n'est pas de Victor Hugo)
- 1942 : Océan. Tas de pierres
Autres textes
- 1834 : Étude sur Mirabeau
- 1834 : Littérature et philosophie mêlées
- 1842 : Le Rhin, éd. J. Hetzel-A. Quantin (Paris), 1884, tome 1 disponible sur Gallica et tome 2 disponible sur Gallica
- 1852 : Napoléon le Petit (pamphlet) éd. J. Hetzel (Paris), 1877 disponible sur Gallica
- 1855 : Lettres à Louis Bonaparte
- 1864 : William Shakespeare
- 1867 : Paris-Guide
- 1874 : Mes Fils
- 1875 : Actes et paroles - Avant l'exil
- 1875 : Actes et paroles - Pendant l'exil (1875)* 1876 : Actes et paroles - Depuis l'exil
- 1877 : Histoire d'un crime - 1re partie
- 1878 : Histoire d'un crime - 2e partie
- 1883 : L'Archipel de la Manche
Œuvres posthumes
Article détaillé : Œuvres posthumes de Victor Hugo.
- 1887 : Choses vues - 1re série (mémoires et commentaires pris sur le vif, le titre n'est pas de Victor Hugo)
- 1900 : Choses vues - 2e série
- 1890 : Alpes et Pyrénées (carnets de voyage)
- 1892 :France et Belgique (carnets de voyage)
- 1896 :Correspondances - Tome I
- 1898 :Correspondances - Tome II
- 1901 :Post-scriptum de ma vie, recueil de textes philosophiques des années 1860
- 1934 :Mille Francs de récompense, (théâtre)
- 1951 :Pierres (fragments manuscrits)
Œuvres picturales de Victor Hugo