Biographie[modifier]
« Issue d'une famille de la petite aristocratie où la politique et la littérature ont toujours fait bon ménage, elle a atteint, pratiquement depuis son premier récit, Hygiène de l'assassin (1992), un lectorat que n'ont jamais connu ses ancêtres. Sa production oscille entre les textes à contenu plus ouvertement autobiographiques comme Le Sabotage amoureux (1993) ouStupeur et tremblements (1999) et des récits plus fictionnels tels Mercure (1998) ou Les Combustibles (1994), une pièce de théâtre. Chez cet écrivain, une forme de cruauté et d'humour se mêle à un romantisme qui plonge dans l'univers actuel. »
— Marc Quaghebeur, Anthologie de la littérature française de Belgique, entre réel et surréel1
Les Nothomb font partie de l'aristocratie belge et plusieurs de ses ancêtres se sont illustrés dans la vie politique et culturelle (Charles-Ferdinand Nothomb notamment). Fille du baron Patrick Nothomb, ambassadeur de Belgique, elle séjourne ainsi au Japon, en Chine, aux États-Unis (New York), en Asie du Sud Est (Laos, Bangladesh, Birmanie). Elle ne découvre la Belgique qu'à l'âge de17 ans. Elle y finit ses humanités à l’Institut Marie Immaculée Montjoie à Uccle pour ensuite entamer des études de philologieromane à l’Université libre de Bruxelles.
Amélie Nothomb lors d'une séance de dédicaces
Son premier roman, Hygiène de l'assassin, est un ouvrage presque uniquement composé de dialogue entre un prix Nobel incompris et des journalistes, la discussion virant à l'interrogatoire. Amélie Nothomb y montre un art de plaire et d'interroger, de montrer du doigt à la fois les petits défauts humains et les horreurs dont ils sont capables. Depuis 1992, elle publie aux Éditions Albin Michel un livre par an soit dix-neuf romans à ce jour.« Tous les ans, à la rentrée, il y a deux événements majeurs : les vendanges et la sortie du Nothomb. Cette année, le raisin est en avance, mais l'Amélie est à l'heure »2. Ses écrits sont traduits dans trente-sept langues à travers le monde3.
Amélie Nothomb suscite la polémique auprès de certains écrivains du fait de son succès de librairie. Certaines décrivent son travail et son excentricité comme des arguments de vente avant toute chose : « C'est que mademoiselle Nothomb n'a pas que des admirateurs, mais aussi quelques détracteurs qui lui reprochent ceci et cela, et notamment sa célébrité. (…) Elle est devenue, par les hasards des interviews, un mythe »[réf. nécessaire]. Mais l'auteur se défend : « Je suis ce que je peux être. Je ne maîtrise pas ce que je suis et encore moins les regards que les autres posent sur moi »4.
Le Mont Fuji, symbole du Japon, a un rôle prédominant dans
Ni d'Ève, ni d'Adam
Amélie Nothomb raconte une partie de son enfance dans ses romans Métaphysique des tubes, Le Sabotage amoureux et Biographie de la faim. Fille du diplomate Patrick Nothomb, cette enfance est rythmée par d'incessants déménagements au gré des affectations paternelles. Notamment à cause de sa gouvernante japonaise Nishio-San qu'elle considérait comme sa seconde mère, elle vit son départ du Japon, « pays de la beauté », pour la Chine, « pays de la laideur », comme un exil et vit les autres déplacements familiaux comme autant de déracinements successifs. Mais aussi comme « un nomadisme culturel qui décuple sa curiosité et renforce sa précocité »5. Elle raconte dans Biographie de la faim comment elle a plongé, avec sa sœur Juliette, dans les livres, la potomanie, l'alcool infantile et l'anorexie. Adulte, son diplôme de philologie romane en poche, Amélie Nothomb retourne au Japon pour y travailler comme interprète (elle maîtrise le japonais oral) et songe à s'y installer définitivement. Elle entre dans une grande entreprise japonaise, dans laquelle elle restera un an. Après cette expérience malheureuse, qu’elle romance dans Stupeur et tremblements6, par ailleurs couronné par l'Académie française, elle rentre en Belgique et envoie le manuscrit de Hygiène de l'assassin à de nombreux éditeurs. Elle publie Hygiène de l'assassin aux Éditions Albin Michel, en 1992.
En 2004, elle en était à son 53e manuscrit[réf. nécessaire]. Elle dit écrire près de quatre romans par an pour n’en publier qu’un seul : « J'écris 3,7 romans par an, c'est un rythme, je l'ai constaté après coup. Cela dit, n'allez surtout pas imaginer que tous ces romans sont bons. Il y a une énorme proportion de romans ratés dont il est hors de question que je les publie »7, « L'immense majorité [de ces manuscrits] restera dans des caisses et n'en sortira pas. Je veillerai à me protéger suffisamment pour cela »8. Se disant également « enceinte de ses romans », Amélie Nothomb dit écrire depuis l’âge de dix-sept ans9.
Entre 2000 et 2002, elle écrit sept textes pour la chanteuse française RoBERT. Elle romance la vie de la chanteuse dans Robert des noms propres, paru en 2002.
Dans son roman écrit en 2009, Le Voyage d'Hiver, Amélie Nothomb renoue avec ses thèmes favoris : l'autodérision (concernant la condition d'écrivain), le suicide amoureux, l'incohérence de l'existence si on ne s'attache à regarder qu'un seul fait de la vie (ici : l'amour).
En 2010, elle publie son dix-neuvième roman : Une forme de vie.
Bibliographie[modifier]
Romans et pièces de théâtre[modifier]
- Hygiène de l'assassin, roman, Albin Michel, 1992 (Prix René-Fallet, Prix Alain-Fournier) (ISBN 2-226-05964-4)
- Le Sabotage amoureux10, roman, Albin Michel, 1993 (Prix de la Vocation, Prix Chardonne) (ISBN 2-253-13945-9)
- Les Combustibles, théâtre, Albin Michel, 1994 (ISBN 2-253-13946-7)
- Les Catilinaires, roman, Albin Michel, 1995 (ISBN 2-253-14170-4)
- Péplum11, roman, Albin Michel, 1996 (ISBN 2-253-14489-4)
- Attentat, roman, Albin Michel, 1997 (ISBN 2-253-14688-9)
- Mercure, roman, Albin Michel, 1998 (ISBN 2-226-10499-2)
- Stupeur et tremblements10, roman, Albin Michel, 1999 (Grand Prix du roman de l’Académie française) (ISBN 2-226-10950-1)
- Métaphysique des tubes10, roman, Albin Michel, 2000 (ISBN 2-226-11668-0)
- Cosmétique de l'ennemi, roman, Albin Michel, 2001 (ISBN 2-226-12657-0)
- Robert des noms propres11, roman, Albin Michel, 2002 (ISBN 2-226-13389-5)
- Antéchrista, roman, Albin Michel, 2003 (ISBN 2-253-11339-5)
- Biographie de la faim10, roman, Albin Michel, 2004 (ISBN 2-226-15394-2)
- Acide sulfurique, roman, Albin Michel, 2005 (ISBN 2-226-16722-6)
- Journal d'Hirondelle, roman, Albin Michel, 2006 (ISBN 2-226-17335-8)
- Ni d'Ève ni d'Adam10, roman, Albin Michel, 2007 (Prix de Flore) (ISBN 978-2-226-17964-7)
- Le Fait du prince, roman, Albin Michel, 2008, (Grand Prix Jean Giono) (ISBN 978-2-226-18844-1)
- Le Voyage d'Hiver, roman, Albin Michel, 2009.
- Une Forme de vie12, roman, Albin Michel, 2010.
Contes et nouvelles[modifier]
- « Légende peut-être un peu chinoise », conte, in collectif Le Sable et l’ardoise, Longue Vue, 1993
- « Électre », nouvelle de 14 pages, in collectif Des plumes au courant, Stock, 1996
- « L'Existence de Dieu », dans La Revue Générale (vol. 3), 1996
- « Simon Wolff », nouvelle de 6 pages, dans La Nouvelle Revue française n°519, avril 1996
- « Généalogie d'un Grand d'Espagne », nouvelle de 11 pages, dans La Nouvelle Revue française n°527, décembre 1996
- « Le Mystère par excellence », nouvelle de 39 pages, opuscule Le Grand livre du mois, septembre 1999
- « Brillant comme une casserole », recueil de 3 contes illustrés par Kikie Crèvecœur, La Pierre d'Alun, 1999
- « Légende peut-être un peu chinoise », conte de 7 pages
- « Le Hollandais ferroviaire », conte de 5 pages
- « De meilleure qualité », conte de 3 pages
- « Aspirine », nouvelle de 2 pages, in collectif Aspirine : mots de tête, Albin Michel, 2001
- « Sans nom », nouvelle de 64 pages, opuscule couplé à Elle no 2900, 30 juillet 2001
- « L’Entrée du Christ à Bruxelles », nouvelle de 46 pages, opuscule couplé à Elle no 3053, 05/07/2004
- « Les Champignons de Paris », nouvelle en 9 épisodes parue dans Charlie Hebdo du 4 juillet au 29 août 2007
Théâtre[modifier]
- Le sabotage amoureux, Théâtre Daniel-Sorano, Vincennes13, 2003-2005
Avec Pauline Foschia, Jeanne Gougeau, Laurence Vielle
Adaptation & Mise en scène: Brigitte Bailleux, Laurence Vielle
- Cosmétique de l'ennemi, La Compagnie des Sept Lieux, Suisse14, 2003-2008
Avec John Durand et Olivier Renault
Adaptation et mise en scène: Emmanuel Samatani et Jean-Daniel Uldry
- Les combustibles, Théâtre Daniel-Sorano, Vincennes15, mars-avril 2008
Avec Michel Boy, Julie Turin, Grégory Gerrebo
Mise en scène: Stéphane Cottin
- Métaphysique des tubes16, 2007-2009
Avec Cécile Schletzer et Claire Rieussec
Mise en scène: Claire Rieussec
- Hygiène de l'assassin, Théâtre de Namur & Théâtre le Public, Bruxelles17, septembre-octobre 2008
Avec Daniel Hanssens, Nathalie Cornet, Valérie Marchand et Vincent Lécuyer
Mise en scène: Pierre Santini
- Biographie de la Faim, Théâtre de la Place des Martyrs, Bruxelles18, avril-mai 2009
Avec Nathalie Cornet, Michel Hinderyckx, Jessica Gazon, Stéphanie Blanchoud…
Adaptation et mise en scène: Christine Delmotte
Adaptations cinématographiques[modifier]
- 1999 : Hygiène de l’assassin, film français réalisé par François Ruggieri, avec Jean Yanne (Prétextat Tach) et Barbara Schulz (Nina).
- 2003 : Stupeur et tremblements, film français réalisé par Alain Corneau, avec Sylvie Testud (Amélie) et Kaori Tsuji (Fubuki).
Bibliographie critique[modifier]
- Aleksandra Desmurs, préfacé par Amélie Nothomb, Le Roman Hygiène de l'assassin - Œuvre manifestaire d'Amélie Nothomb, Éditions Praelego, Paris, 2009
- Kobialka Margaux, La Création d’Amélie Nothomb à travers la psychanalyse, Le Manuscrit, Paris, 2004
- Laureline Amanieux, Amélie Nothomb l’éternelle affamée, Albin Michel, Paris, 2005, (ISBN 2226155929)
- Laureline Amanieux, Entretien audio avec Amélie Nothomb, éditions Autrement dit, Belgique, 2007, téléchargeable sur le web.
- Laureline Amanieux, Le récit siamois, personnage et identité dans l'œuvre d'Amélie Nothomb, Albin Michel, Paris, 2009
- Michel David, Amélie Nothomb, le symptôme graphomane, Éditions L'Harmattan, coll. « L’œuvre et la Psyché », Paris, 2006 (ISBN 2296004806)
- Michel Zumkir, Amélie Nothomb de A à Z, portrait d’un monstre littéraire, Le Grand Miroir, coll. « Une vie », Bruxelles, 2007 (ISBN 978-2-87415-798-1)
- Alain Dantinne, Hygiène de l'intestin, Labor, Bruxelles, 2000
- (en) Susan Bainbrigge, Jeanette Den Toonder, Amélie Nothomb, Authorship, Identity and Narrative Practice Peter Lang, New York, 2003, acte de colloque international.
- Mark D. Lee, Les Identités d’Amélie Nothomb. De l’invention médiatique aux fantasmes originaires (Amsterdam/New York, Rodopi, 2010) (Collection Monographique Rodopi en Littérature Française Contemporaine, 50).
Prix et distinctions[modifier]
- Prix René Fallet en 1993 pour Hygiène de l'assassin19. Amélie Nothomb obtient aussi cette année le Prix Alain-Fournier, toujours pour Hygiène de l'assassin. Elle reçoit également lePrix Littéraire de la Vocation, cette fois-ci pour Le Sabotage amoureux20. Elle obtiendra ensuite le Prix Jacques Chardonne, toujours pour le même livre.
- Grand Prix du roman de l'Académie française en 1999 pour Stupeur et tremblements.
- Prix de Flore en 2007, pour Ni d’Ève ni d’Adam.
- Grand Prix Jean Giono en 2008, couronnant « l’ensemble de l’œuvre d’un auteur de langue française ayant défendu la cause du roman »
- Commandeur de l’ordre de la Couronne (Belgique) en 2008.
Notes et références[modifier]
- ↑ Marc Quaghebeur, Anthologie de la littérature française de Belgique, Entre réel et surréel, Éditions Racine, Bruxelles, 2006, p. 367
- ↑ Simon Marty, « Le dernier Nothomb, un sadomaso de premier cru »", in Marianne, Le Journal de la Culture, du 08 au 14 septembre 2003, p. 76
- ↑ Olivier Stevens, « L’acide de la dame en noir », La Libre Match, dossier en couverture, du 1er au 7 septembre 2005, pp. 96-101
- ↑ Joëlle Smets, « Un mythe, bien malgré elle », Le Soir Magazine no 3714, En couverture, 27 août 2003, pp. 14-17
- ↑ Marianne Payot, « La boulimie d’Amélie », Le Vif L’Express, Rubrique « Culture », 3 septembre 2004,p. 84
- ↑ Elle raconte comme en effet elle entame une lente descente professionnelle en se retrouvant notamment cantonnée à « nettoyeuse de chiottes »
- ↑ Anne Masset, « Amélie Nothomb », monomaniaque de l’écrit, La Libre Belgique, Rubrique « Questions à domicile », 4 août 1994, p. 2
- ↑ Geneviève Simon, « L’autogéographie d’Amélie », La Libre Belgique, Rubrique « Culture », 26 septembre 2004, p. 49
- ↑ Interview d’Amélie Nothomb sur Fluctuat.net [archive].
- ↑ a, b, c, d et e Œuvre autobiographique, ou pseudo-autobiographique car les libertés prises par rapport à la vie réelle de l’auteur ne sont pas bien connues
- ↑ a et b Roman dans lequel l’auteur est un personnage, sans que le rôle joué n’ait de rapport avec sa vie réelle
- ↑ D'Amélie Nothomb à Eliette Abécassis : une rentrée littéraire très féminine chez Albin Michel [archive]. Consulté le 23/05/2010
- ↑ Le sabotage amoureux [archive]. Consulté le 23/09/2009
- ↑ Cosmétique de l'ennemi d'Amélie Nothomb [archive]. Consulté le 23/09/2009
- ↑ Les combustibles » d'Amélie Nothomb sur les planches [archive]. Consulté le 23/09/2009
- ↑ Nothomb revisitée par Claire Rieussec [archive], Ouest-France. Consulté le 23/09/2009
- ↑ Catherine Makereel, « L'hygiène de l'assassin [archive] », Le Soir, Bruxelles. Consulté le 23/09/2009
- ↑ Michèle Friche, « Biographie de la Faim [archive] », Le Soir, Bruxelles. Consulté le 23/09/2009
- ↑ Liste des lauréats du Prix René Fallet [archive]
- ↑ Liste des lauréats du Prix Littéraire de la Vocation [archive]
Article connexe[modifier]
- Liste des familles belges par ancienneté
Liens externes[modifier]
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- Biographie, bibliographie, documents sonores, photographies d'Amélie Nothomb sur le site de la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges.
- Entretien avec Amélie Nothomb.
- Dossier du Livre de Poche.
- Abécédaire culturel sur le site des Filles du loir
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Am%C3%A9lie_Nothomb